Le temps des grandes marées
C'est un bien étrange espace que nous expérimentons là. Il y a tant d'incitations, de provocations et je vois bien des interrogations, des hésitations sur l'attitude à adopter, les désirs d'engagement, les désirs de retraits, voire de retraites isolées, l'impatience, l'exaspération. Que faire se demandent beaucoup ? Les temps deviennent étouffants pour certains. Loin des psalmodies médiatiques, un nombre de plus en plus grand voient bien que les conditions économiques de leur quotidien se dégradent et cela les inquiète. Les mêmes médias les perfusent quotidiennement de drames, parfois orchestrés dans le cynisme le plus absolu, afin d'inciter à la haine et de dresser les uns contre les autres. Devons-nous nous lever dans l'engagement de l'homme face aux hommes ? Devons-nous juste attendre que l'effondrement survienne en se dégageant des implications émotionnelles de nos attachements ? Quelque chose va-t-il secouer le prunier ? Va-t-on faire enfin ce que nous attendons confusément ? Les marionnettistes vont-ils réussir à engager le monde dans un nouveau conflit dévastateur ? Tout cela va-t-il un jour cesser ?
La Terre elle aussi est sous pression et nous sommes la Terre. Alors oui, quelque chose va secouer le prunier et probablement libérer les pressions de bien des façons. Je sais que quelques uns ont fait le choix de l'engagement selon les anciens principes de la dualité opposant les forces. C'est leur droit et leur élan est d'autant plus compréhensible qu'il répond à l'une de nos plus vieilles habitudes. Nous l'avons déjà tant fait au cours de tant de vies que c'est un réflexe profondément enraciné. Aussi incompréhensible que cela soit pour ceux-là, je dis que chacun est dans son rôle, mais que la voie libératrice passe par la foi en quelque chose qui n'a jamais été tenté à telle échelle et que jamais un aussi grand nombre d'êtres ont été prêts à manifester cela dans la matière. Ce quelque chose est la conscience de notre pouvoir créateur, notre force à manifester une réalité en l'incarnant contre vents et marées, aussi bien ou mal intentionnées que soient les raisons de ces vents et ces marées. Nous ne pouvons qu'humblement et simplement être au quotidien celui-là que nous voudrions toujours voir à nos côtés, nous devons être nos propres exemples, nos propres références, en-dehors de tout cadre.
J'en vois qui ne tournent leur regard que vers ce qu'il y a de plus sombre dans l'humanité. Leur réalité est alors le reflet de cette obscurité et je n'envie pas leur amertume. Si ceux-là pensent s'informer de l'état du monde à l'aide du bouton de leur télé ou de leur radio, alors ils sont sûrs de s'enfoncer un peu plus dans une réalité morbide, malsaine et voyeuse, qui les amène perfidement au point où certains veulent les amener pour justifier leurs méthodes et asseoir définitivement leur contrôle. Leurs propres yeux ne verront plus alors d'eux-même que ce dont ils sont quotidiennement gavés. Mais que savent-ils de tout ce qui est fait de juste et de bienveillant à chaque instant sur ce monde ? Que savent-ils des mains qui se tendent et des consciences qui s'enracinent, si ce n'est quelques représentations larmoyantes mises en scène de temps à autre devant les caméras selon des buts contraires qu'ils sont bien loin d'imaginer ?
Il est une vérité à entendre sur plusieurs niveaux de conscience : nous créons toujours notre réalité par la nature du regard que nous portons sur le monde. Ce regard est l'étincelle d'un mécanisme qui à la fois nourrit une réalité perçue collectivement par adhésion plus ou moins consciente à un paradigme, mais aussi y apporte sa propre création. C'est pourquoi ce que nous sommes en nous est déterminant sur la réalité qui est la nôtre, tout en portant les germes d'une influence sur le collectif. Même si au regard de l'éternité de la vie, chacun avance à son rythme, c'est un mécanisme qu'il devient urgent de comprendre dans le contexte de l'horloge cosmique qui tourne. Lorsque le prunier sera secoué, des pans entiers d'un édifice que la plupart croit encore indestructible, s'effondreront. C'est une excellente chose parce qu'il faut faire de la place au neuf et comme je l'ai déjà dit, rien ne se bâtira cette fois sur les cendres de l'ancien. Mais aussi bonne cette chose soit elle, elle sera vécue difficilement pour beaucoup qui n'ont pas encore cheminé suffisamment vers l'être qu'ils sont en essence. Pour ceux-là, perdre par exemple leurs biens, leur emploi, leur maison, sera vécu comme un dépouillement d'une grande brutalité, qui les laissera désemparés. Dans leur système de croyances, ce sera en effet brutal et ils auront besoin de réconfort venant de ceux dont la conscience les a guidés vers une foi qui dépasse la peur de l'insécurité et le rapport de force qui en naît. Ce sera le rôle de ceux qui ont fait le choix de leur pouvoir créateur en-dehors du traditionnel engagement de l'homme face aux hommes. C'est une fois de plus un numéro d'équilibriste que de vivre ce choix dans un dégagement qui n'est en aucun cas de l'indifférence, tout en exerçant l'intention première qui nous a fait naître ici afin d'incarner toute notre lumière dans la matière. Il faut voir l'exercice de ce paradoxe comme la parabole du jardinier sûr de son fait, qui arrose ses semis dans une terre aride et difficile sans se préoccuper des apparences mais avec tout son amour. Le temps est à présent celui de la récolte.
Tout élan créateur est à l'image de la vie qui s'épand entre inspir et expir. Les univers eux-même respirent ainsi. Pour ce qui concerne l'extension de vie que nous sommes, la part d'ombre nécessaire à l'expérience de la dualité a nourri l'inspir dont il a rempli la matière et où veillait la flamme originelle, avant que l'expir ne souffle et épande cette lumière plus forte de l'expérience vécue. Dans l'équilibre intérieur l'alchimie s'est accomplie. Nous sommes au point où tout se détend, où tout se relâche, au point où donc tout ce qui est rigide et figé voit ses fondations se désagréger dans le souffle créateur. Ce n'est pas la décision d'une volonté, encore moins d'un jugement, c'est une vaste respiration au sein de laquelle nous avons créé des formes et des échanges, bâti des mondes et des sociétés. Ce sont nos châteaux de sable qui se dressent le temps d'une marée basse et dans lesquels se forgent au fil des cycles entre deux marées, arrogances, souffrances et vanités, mais où naissent aussi la compréhension, la compassion et l'humilité.
Nous n'avons prise sur la marée, nous ne pouvons que jouer gaiement avec ce qu'elle nous amène ou pleurer en tentant de préserver nos éphémères châteaux de sable.
Le souffle de l'expir tient ses lumineuses promesses et cela s'observe sur toutes les échelles de la vie et concerne bien plus que le simple sort de l'humanité résidant actuellement sur Gaïa. Nous sommes ici-bas les passagers d'une belle et grande conscience qui vient de larguer les amarres et nous offre un magnifique voyage sur le pont, humant le vent et les embruns sous le claquement des voiles gonflées des grands vents solaires qui s'annoncent. Nous tous qui avons choisi ce voyage n'avons qu'à nous réjouir pour rester confiants sur le pont. Les craintes du roulis, des vagues immenses et des éléments ne feront que nous focaliser sur un mal de mer qui pourtant est évitable.
Au-delà du remue-ménage, voyez la fluidité qui préside au mouvement créateur de la vie, et soyez-en. Soyez heureux en ces moments de bouleversement que tout vous soit offert comme possible, là où beaucoup d'entre vous croyaient que rien ne pouvait changer tant les attaches paraissaient solides.
Ces attaches ne sont en fait que… vos propres attachements. C'est pourquoi vous avez pu entendre parler avec tant d'insistance de la nécessité de se détacher des émotions nées de vos conditionnements inconscients. Et que donc vous avez reçu, ici et ailleurs, des signes mettant en lumière ces conditionnements et des informations propres à vous aider à vous en libérer pour l'essentiel. Hors de ces attachements, il n'y a plus de souffrance. Hors de ces attachements, il y a de moins en moins de peur et de plus de foi en la vie. Hors de ces attachements, le véritable amour se dégage. C'est à ce point précis que devait vous amener tout ceci : à vous éveiller, à retrouver foi en la vie, en vous, pour que sur le pont du vaisseau Gaïa, dans la grande tempête qui s'annonce, vous ayez le cœur en joie en pressentant vers quels nouveaux rivages vous allez accoster, sur quelle nouvelle Terre vous poserez le pas.
Ce qui vient à terme, ce qui naît, n'est pas un choix que nous ferions ou pas, ce n'est pas une philosophie à épouser ou une religion nouvelle, ce n'est pas même un engagement. Cela arrivera, quoi que nous fassions. Il y a tout un macrocosme en mouvement et de ce point de vue, nous ne sommes que des témoins observés et bénis du grand spectacle. Ca a toujours été ainsi et nous n'avions à déterminer en tant qu'individu et en tant que collectif que ce que nous étions en mesure d'apprendre de tout cela et d'incarner. Par voie de conséquence, par résonance – et non en récompense ou par châtiment (!), nous décidons donc de la manière dont nous vivrons ce moment exceptionnel.
A présent, nous sommes en un point où la ligne du temps qu'emprunte Gaïa vers son ascension ne devrait plus changer. Par contre, au sein de notre expérience humaine, si les choix d'âme sont faits, la ligne que nous suivrons personnellement pour les respecter n'est toujours pas déterminée, le libre-arbitre étant encore maître du jeu pour quelques temps. Elle ne le sera pas jusqu'au bout, jusqu'à ce que j'ai appelé le passage du chas. Je dirais même que cette période de doute et d'indécision pour beaucoup engendre des sauts permanents d'une ligne à l'autre du temps, d'un possible à l'autre. C'est ainsi, la vie est une création fluide en perpétuel mouvement, seulement il y a dans chaque élan des points de non-retour qui sont fonction à la fois de l'énergie en jeu dans le mouvement et de son rapport avec l'inertie rencontrée. En quelque sorte, nous sommes assez « légers » pour que ce point de non-retour ne soit pas encore atteint en ce qui nous concerne, là où celui de notre Terre l'est très probablement. Ainsi il y aura dans les deux sens jusqu'au dernier moment des volte-faces et des demi-tours qui en surprendront plus d'un.
Le laboratoire de notre expérience humaine a été élaboré et inséré de manière à ce que ses échéances capitales soient le point de rendez-vous d'évènements cosmiques qui en réalité les accouchent. Ce qui naît lors de ces rencontres n'est pas un choix venant de quelque chose d'extérieur à nous, mais la résonance de ce que nous avons conçu avant de le mettre au monde.
A présent, le rendez-vous cosmique en cours marque le terme de l'expérience que nous avons menée ici. Quoi qu'il arrive, chacun doit garder en conscience que tous récolteront très exactement les fruits de ce qu'ils ont semé tout au long de l'expérience. C'est-à-dire que chacun vivra avec justesse dans les mois à venir le processus qui le mènera à s'accomplir. Inutile de s'inquiéter, nos limites provisoires font que personne ne sait ce qu'il a réellement semé. Par ailleurs, quels que soient la nature et l'abondance de nos semis, tout le monde de toutes façons, et dans le temps qui lui convient, remonte progressivement le courant vers la source.
Alors que faire pour en revenir aux questionnements qui pointent ? En ces temps précis, plus que jamais, chercher le repos de l'âme et nous tourner vers Gaïa. Le printemps qui s'annonce incarne une Nature plus proche de nous que les précédents. Le rayonnement de notre soleil et d'autres étoiles nous transforme jusqu'au fond de nos cellules et transforme tous les règnes de la Nature. Tous convergent à présent vers un point où la connexion avec les retardataires que nous fûmes est aisée. Ce n'est plus un privilège réservé jusque-là à ceux qui devaient montrer ce chemin, c'est un présent à portée de tous. Il est là et il nous faut juste réouvrir nos yeux et nos oreilles à cette présence bavarde que nous n'entendions plus. Selon ce que vous pouvez, allez dans la Nature, travaillez en conscience la terre de votre jardin, allez au contact des arbres, des animaux, toujours avec respect, pas dans l'esprit de celui qui décide, mais de celui qui écoute et qui s'accorde avant d'agir. Ne forcez rien, laissez venir, entendez ce qu'elle vous dit et vous verrez qu'elle est bien moins inquiète que vous. Ce qui vous sera donné ainsi dépasse de loin ce que vous imaginez. La Nature est un orchestre dont nous ne sommes pas le chef mais un pupitre parmi d'autres. Il est temps de se mettre au diapason. Nous avons tous ensemble et avec elle une symphonie à jouer pour saluer la marée montante.
Fraternellement,
© Le Passeur – 22 Mars 2012 – http://www.urantia-gaia.info > Cet article est autorisé à la copie à la seule condition de ne pas l'associer à une démarche commerciale, de respecter l'intégralité du texte et de citer la source.
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